Cela se passe dans un minuscule village de montagne du Kurdistan irakien.
Ce pays, en pleine reconstruction matérielle et morale après la chute de
Saddam Hussein en 2003, s’efforce de se doter d’institutions mais
certains archaïsmes perdurent, notamment ceux visant les femmes.
Un homme et une femme, non mariés, désireux que personne ne décide à leur
place après avoir fui le poids des contraintes familiales, se retrouvent dans
ce lieu perdu et vont devoir exercer leur métier avec difficulté.
Lui, Baran, comme officier de police, croit aux vertus de la loi et de la
démocratie et devra lutter contre la corruption et le pouvoir obscurantiste
d’un chef tribal corrompu qui fait régner sa loi.
Elle, Govend, comme jeune institutrice, va tenter de vivre sa vie loin des
frères dominants de sa famille.
Hiner Saleem, le réalisateur s’appuie sur des événements réels de son
pays d’origine mais traite le sujet avec légèreté et humour, en utilisant
le ton et les codes du western, dans un décor naturel de grands espaces. Par
son regard critique, offensif et décalé, il prône l’égalité homme-femme
comme fondement d’une démocratie digne de ce nom.
La musique ponctue le film et compose une formidable mosaïque sonore entre
le blues américain et les airs traditionnels kurdes en passant par les
sonorités magnifiques d’un instrument peu connu, le hang, joué par
Goldshifteh Farahani (Govend), cette actrice iranienne exilée en France après
sa mise en cause par les ayatollahs pour avoir joué sans voile en 2008 dans un
film hollywoodien !
Michelle Hottier