Wadjda est le premier long métrage de fiction réalisé en Arabie Saoudite et,
ce n’est pas anodin, réalisé par une femme qui a déjà à son actif, en
2005, un documentaire sur la place des femmes dans la monarchie saoudienne.
Wadjda est une adolescente rebelle qui rêve de ce à quoi une jeune fille
n’a pas le droit de rêver en Arabie saoudite : avoir un vélo pour pouvoir
faire la course avec son petit voisin. Pour réaliser ce rêve elle va chercher à
gagner de l’argent par tous les moyens.
Pour un spectateur occidental ce récit a un double intérêt : -
s’attacher à Wadjda dans sa quête obstinée et admirer son imagination et
son habileté - découvrir un mode de vie dont on connaît intellectuellement les
caractéristiques mais qui devient ici beaucoup plus concret.
C’est par le regard de Wadjda qu’on pénètre dans la vie des
adultes et plus particulièrement des femmes. La domination des hommes apparaît
dans toutes sortes de petits détails. Wadjda navigue au milieu de ces écueils
avec pour seul objectif : obtenir son vélo. Et son petit voisin Abdullah
devient rapidement un allié. Les relations enfantines rendent moins oppressant
le contexte de domination masculine.
La fin du film permet d’espérer que cette jeune fille parviendra à
devenir une adulte plus autonome que sa mère.
Maguy Chailley