Après avoir réalisé plusieurs films de fiction, Nabil Ayouch se tourne vers
le documentaire, abordant un sujet qui le touche de près, car il est de père
musulman d’origine marocaine et de mère juive d’origine tunisienne.
Ce documentaire donne la parole à de vieux réfugiés palestiniens qui ont fui
en 1948 sans jamais retourner sur leurs terres, et qui vivent dans des camps au
Liban depuis plus de 60 ans. Cette parole est ensuite donnée à entendre à de
jeunes israéliens de 20 ans qui construisent leur pays, se sentent
viscéralement attachés à leur terre, mais sans jamais savoir expliquer
pourquoi. Entre ces deux mémoires, il y a une réalité. La réalité de deux peuples qui se battent pour la même terre. Il en ressort un dialogue à distance
qui met en perspective ce conflit sous un angle avant tout humain et permet aux
interviewés d’envisager peut-être demain sous un autre jour. Le
réalisateur est lui-même l’interviewer mais il s’efface devant ceux
qu’il interroge pour ne pas faire écran entre eux et le spectateur.
Maguy Chailley