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Prix du Meilleur Scénario et Mention du Jury Catholique Venise 2007 Pays : France. Année de sortie : 2008. Réalisateur : Jean Becker. Durée : 1h 25 Avec : Albert Dupontel, Marie-Josée Croze, Pierre Vaneck
Les premières images – la barque qui glisse sur
une mer de plomb - nous plongent dans une féerie de teintes
allant du noir du bateau et du rameur au blanc silencieux de la mer.
Pavel Lounguine fait de «
l’ÎIe » un film à
part centré sur le repentir du Père Anatoli dont
la silhouette flottante, la bouche édentée et la
barbe hirsute sont à la mesure de ce personnage hors du
commun.
A partir de son crime originel le Père Anatoli construit sa
vie sur la contrition de son rachat pour la terminer en
réconciliation. Ce moine vit en marge de la
communauté, mi fou, mi illuminé il
s’est voué à la prière en
demandant au Seigneur de ne pas l’abandonner, de le purifier.
On ne se laisse pas porter par le film, «
l’Île » nous emprisonne, nous
envoûte. Il faut suivre ce « fol en
Christ » convaincu de
l’efficacité de sa prière pour
qu’à son tour il puisse nous convaincre que la vie
monastique est faite pour porter les péchés des
hommes.
L’acteur principal, Piotr Mamonov, est touché par
la force spirituelle de son personnage. Autrefois chanteur de
rock, Pavel Lounguine l’avait dirigé
dans « Taxi Blues » en 2002,
Piotr Mamonov s’est converti à
l’orthodoxie et a donné beaucoup de lui dans ce
film dont le Patriarche Alexis III a déclaré
que « ce film était l’exemple
vivant d’une tentative d’approche
chrétienne de la culture ».
Les images d’Andrei Jegalov sont stupéfiantes de
beauté. Déclinant du noir du charbon au blanc de
la neige de ce coin de terre éclairée de bleus et
de gris magnifiques. Le rouge du feu de la chaudière
qu’il faut alimenter sans interruption suggère que
la flamme dévore mais aussi purifie.
L’Île est tout simplement un beau film, un
très beau film.
Il a obtenu, entre autres récompenses, le prix de
l’Aigle d’Or à Moscou en 2006 et le prix
catholique du Festival de Hong Kong en 2007.
Michelle Hottier
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