Esther est paraplégique et clouée sur son fauteuil. Elle est aidée dans sa vie quotidienne par des dames de compagnie qu'elle ne supporte pas et qui se succèdent... jusqu'à
ce que Salima, sa jeune infirmière, lui propose sa propre mère : Halima. Entre les deux femmes vont se nouer peu à peu une connivence et une amitié, d'abord imprévisible
entre une juive et une musulmane.
L'argument de ce récit pourrait faire craindre abondance de bonnes intentions et de stéréotypes. Et c'est bien tout le mérite de Philippe Faucon de faire passer ce message de
fraternisation possible entre des "soeurs ennemis", dans des scènes de la vie quotidienne toutes en discrétion et en implicites. Pas de discours appuyés donc mais des situations qui nous montrent peu à peu comment Esther et Halima vont se découvrir l'une l'autre, à travers leur caractère propre mais aussi leurs particularités culturelles et religieuses. Ce qui contribue à rapprocher les deux femmes c'est leurs souvenirs de l'Afrique du Nord qu'elles ont toutes deux quittée, pour des raisons et dans des circonstances bien différentes. Apparaissent aussi les confrontations parfois difficiles des choix de style de vie incarnés par la jeune génération. Rien n'est pesant, rien n'est souligné, rien n'est systématiquement démontré. Mais tout est suggéré et montré avec délicatesse.
Maguy Chailley