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Palme d’Or du Festival de Cannes 2002, 7 nominations aux Césars 2003, 3 nominations aux Oscars 2003. Pays : France, Grande-Bretagne, Allemag. Année de sortie : 2002. Réalisateur : Roman Polanski. Durée : 2h 28 Avec : Adrien Brody
Varsovie 1939 : une ville heureuse et animée, un jeune pianiste virtuose qui joue sur les ondes de Radio-Varsovie, quand tombent les premiers obus allemands…
C’est sur des images d’archives que s’ouvre Le Pianiste, et c’est à partir du témoignage de Wladyslaw Szpilman, pianiste juif survivant du ghetto de Varsovie, que Roman Polanski -- lui-même rescapé de celui de Cracovie -- écrit son scénario : film à la fois historique et intime, qui reconstitue, sans colère ni pathos, mais avec une abondance de détails vécus, la tragédie du ghetto de Varsovie, vue à travers les yeux de Szpilman.
La vraie caméra, en effet, c’est le regard de cet homme, pianiste extraordinaire, mais individu ordinaire, ni lâche ni héros, plongé, comme des milliers d’autres Juifs, dans l’enfer de l’absurdité et de l’arbitraire, où chacun perd son existence propre.
Pianiste sans piano, cloîtré dans des caches de fortune, survivant qui doit se faire silencieux et invisible dans une ville dévastée, subissant dans sa chair l’agonie de Varsovie, Szpilman est un témoin kafkaïen, impuissant, à peu près passif, acharné seulement à ne pas disparaître ; corps réduit au dénuement intérieur presque jusqu’à l’animalité, qui pose la question : Que signifie survivre quand la faim, le froid, l’horreur, la peur tenaillent ? Comment garder son âme quand c’est la personne toute entière, et pas seulement son corps, qui est niée en tant que personne ?
Christel Lavigne
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