Conseil amical au
spectateur : s'abandonner à la nonchalance sudiste,
à
la beauté des images et de la musique (magnifique début
du film), goûter la lenteur savamment calculée d'une
« ouverture » (à la manière d'un
opéra) qui flâne entre les vivants et les morts, le
cocasse et le satirique sans choisir un genre déterminé.
Le personnage principal
ici est Savannah, ville de Géorgie qui reste hantée par
le souvenir de la guerre de Sécession sans en avoir subi les
destructions.
Pour le jeune
journaliste
new-yorkais venu « couvrir » un
événement
mondain, tout dans cette ville est déroutant : le charme
suranné des vieilles demeures, le comportement social des
habitants, la personnalité du riche collectionneur, Jim
Williams, qui fascine et irrite ses concitoyens.
Quand le drame se noue -
enfin ! (un jeune homme est trouvé mort après une
nuit de fête), le scénario semble se muer en
« polar »
classique. Mais dans ce film tout n'est qu'apparence pour ne pas
dire mensonge. Et comme le dit un personnage La
vérité
comme l'art est dans l'œil de celui qui regarde.
Une méditation
troublante d'un Clint Eastwood maître de son art.
Janick Arbois-Chartier